Comment as-tu découvert la Com’ ? Qu’est-ce qui t’as donné envie de venir y habiter ?
Début 2019, alors que j’habitais à la Cité Universitaire, Niels, un ancien habitant que je connaissais très bien, car on était ensemble au lycée au Liban, m’a parlé de la Com’. Je suis donc venu à un Jeudi. Lorsque j’ai débarqué dans cette maison, j’ai halluciné, je me suis dit « Qu’est-ce que c’est que cet endroit ? Comment ça peut exister un lieu aussi bien ?». J’ai tout de suite embrayé sur l’ambiance, j’étais très content d’être-là. Après coup, j’ai eu très envie d’y revenir, mais malheureusement, je n’en ai pas eu l’occasion.
Après une deuxième année à la Cité Universitaire, il fallait que je trouve un nouvel endroit où habiter. Je me suis alors souvenu de la Com’ et de la possibilité d’y habiter. J’ai réussi à récupérer le contact de Bruno [prêtre accompagnateur et vivant à la Com’]. On a échangé par mail puis il m’a reçu pour une rencontre. J’étais dans une situation plutôt tendue à l’époque, mes parents attendaient que je trouve un logement pour quitter la France, la fac allait commencer. Je dormais chez des amis, chez mon frère. Heureusement, j’étais en distanciel à cause du COVID, ça facilitait un peu. Et, finalement mon entrée à la Com’ s’est plutôt bien goupillée avec le reste !
Comment décrirais-tu la Com’ et son projet ?
Je le décrirais par ce que cela représente pour moi : c’est l’endroit où j’ai appris l’introspection, le pardon et l’empathie. C’est énormément pour moi, ce sont des mots que je comprenais, mais que je n’avais jamais traversés avant. Vivre ici, ça m’a fait quelque chose.
Disons que c’est entre 6 et 9 personnes haut en couleur, qui essayent de vivre ensemble avec plein de projets, des week-ends, des soirées à thème.
Comment je le décrirais de manière plus objective ? En une phrase : « Passe à la maison, tu vas voir, c’est génial ». Il y a tellement de trucs, entre les Bœufs, les Jeudis de la Com’, l’ambiance générale. Disons que c’est entre 6 et 9 personnes haut en couleur, qui essayent de vivre ensemble avec plein de projets, des week-ends, des soirées à thème. De l’intérieur, c’est incroyable, j’ai du mal à trouver des mots.
Comment se déroule la vie au quotidien ? Quelle est la différence avec une coloc’ « classique » ?
À la Com’, on est vraiment une communauté. On essaye de manger ensemble le soir. Il y a une espèce de tout qui est plus grand que ses parties. J’éprouve une forme de liberté dans le fait de respecter les contraintes des autres. Des fois, je suis simplement très heureux de faire la vaisselle, de passer le balai ou de faire le ménage de la salle de bain.
Il y avait beaucoup de codes que je n’avais pas encore à la fin de la terminale. La Com’ m’a vraiment aidé à rattraper ce retard.
À la Cité Universitaire, je vivais dans une chambre pour deux. C’était vraiment différent. C’était dur et pénible de respecter l’espace de mon coloc’, essentiellement parce qu’il n’était jamais là. J’avais cette impression très dure qu’il se foutait de mon existence et que je ne comptais pas pour lui. Je ressentais une difficulté à communiquer, à m’insérer dans les autres réseaux sociaux.
À la Com’, c’est beaucoup plus fluide. C’est un lieu qui fait mon éducation sociale. J’ai grandi un peu isolé en fin de compte. Il y avait beaucoup de codes que je n’avais pas encore à la fin de la terminale. La Com’ m’a vraiment aidé à rattraper ce retard.
Selon toi, qu’apporte le lien avec le PESP et le Pôle Jeunes de la Mission de France ?
Toutes ces propositions, cela m’apporte une forme d’apaisement dans le sens où c’est un endroit où je peux rencontrer d’autres gens. C’est tout un groupe qui porte ça : encore une fois, il y a quelque chose d’un peu abstrait du groupe, quelque chose d’un peu supérieur aux individus qui le forment.
Un de mes souvenirs de la Cité Universitaire, c’est vraiment la misère de la solitude. Parce que si tu n’es pas casé très vite, si tu ne respectes pas les règles, tu te retrouves avec des colocs fantômes. C’est très dur à vivre, la solitude te pèse vraiment.
Ici, ce n’est pas ce que je ressens, ça me fait du bien. Ce n’est pas du bonheur « dopamine », comme si quelque chose de génial se passait. Juste de l’apaisement. Il n’y a pas cette peur de devoir se ridiculiser socialement pour parvenir à trouver des contacts sociaux. Ici, je lâche la grappe, je ne suis plus en train de calculer quoi que ce soit. D’une certaine manière, les choses se font naturellement, je vis le moment présent et ça me suffit largement.
Tu as une anecdote marquante à nous raconter ?
Un week-end, j’avais quitté la maison pour aller chez ma tante parce que j’allais vraiment mal. C’était dû à une information à laquelle je ne m’attendais pas qui avait circulé au sein de la Com’.
Je n’ai pas été bien pendant un jour et demi. Dimanche soir, après un week-end sacrément bouleversant, j’en étais arrivé au point de me demander : « Est-ce que je quitte la com’ ou est-ce que je reste ? » . En sortant mon téléphone, j’ai remarqué que j’avais reçu plein de messages sur la conversation de la coloc’. Mathilde disait « Je rentre ce soir. Avec Louise, on a plein de choses à vous raconter ! », Rozenn répondait « Ouais super ! » et finalement, tout le monde renchérissait. Je me suis dit « Allez, je rentre ! ». J’ai pris ma valise, j’ai tout rangé et j’ai dit à ma tante que je m’en allais. Il était 22h30, elle n’a rien compris. Ça a vraiment signé la fin de mon mal-être.
Quand j’ai débarqué à la Com’, tout était incroyable. J’avais l’impression que toutes les couleurs étaient plus vives, que la Com’ était plus grande, que l’espace était plus grand, que l’air était plus pur. J’étais ultra content, je pétais la forme !