Comment as-tu découvert la Com’ ? Qu’est-ce qui t’as donné envie de venir y habiter ?
J’ai découvert la Com’ par le biais de Michel Besse, un ami d’ATD Quart-Monde qui est aussi prêtre ouvrier à la Mission de France. L’année dernière, j’avais déjà fait une coloc’ associative qui s’était interrompue à cause du deuxième confinement, et aussi parce que ça n’avait pas « matché » avec les colocs. Je me suis dit qu’il fallait réessayer, et il se trouve qu’on m’a parlé de ce projet à ce moment-là. J’avais vraiment envie de vivre avec des gens, ce que j’avais déjà fait jusque-là, mais je voulais aussi faire des choses avec eux. La Com’ semblait alors correspondre à ce besoin que je ressentais.
Comment décrirais-tu la Com’ et son projet ?
C’est une maison avec des gens différents qui vivent et font des choses ensemble par le biais de l’intelligence de chacun. Chacun vient avec son expérience, ses idées, on met en commun et on construit des choses ensemble.
Ça, c’est la première différence : à la Com’, tu vis avec les gens, et tu fais avec eux.
Comment se déroule la vie au quotidien ? Quelle est la différence avec une coloc’ « classique » ?
La première différence que j’ai ressentie, c’est déjà le fait de faire des choses ensemble. Dans mes anciennes colocs, on ne faisait pas les courses en commun, ni les repas, ni même des activités, on ne créaient rien ensemble, on vivait juste les uns avec les autres. Et encore, parfois on ne se voyait qu’une fois par semaine. Ça, c’est la première différence : à la Com’, tu vis avec les gens, et tu fais avec eux.
L’autre différence, c’est l’organisation de la vie. Quand j’ai vu tous les tableaux [pour les repas et le ménage], je me suis vraiment demandé si j’allais apprécier. J’aime bien que les choses soient organisées, carrées, qu’elles tiennent dans des cases. Mais que tout le quotidien soit régi par des tableaux, ça, je ne savais pas trop si ça me plairait. Et pourtant, avec l’expérience, je crois que c’est indispensable quand on vit à 8-9.
Ce qui est différent enfin, c’est la diversité entre tous les gens qui habitent ici. Au final, tu vis avec des gens que tu n’aurais jamais connus en dehors du cadre de la Com’.
Selon toi, qu’apporte le lien avec le PESP et le Pôle Jeunes de la Mission de France ?
Je lie tous ces événements à la Com’. Je trouve que la pertinence du projet, elle est là : ça crée des espaces de rencontre, le Bœuf, les Jeudis, etc. La Com’, encore une fois, c’est un endroit et un melting pot de personnes qui vivent ensemble, et ce qu’ils créent ensemble, c’est encore d’autres espaces où les réseaux de chacun se rencontrent. Ça fait une palette de gens différents au même endroit qui discutent de la même chose à une date précise.
Localement, on fait moins avec les habitants pour le moment, même si c’est l’une des finalités du projet. Avant, j’étais en KAPS, Kolocation À Projet Solidaire. L’idée, c’est de vivre dans des quartiers populaires et de faire des choses avec les habitants. Par exemple, voici ce qu’on a eu le temps de faire : il y avait un parterre de pelouse qui était sans cesse tondu à ras. Avec mes colocs, on trouvait ça dommage, donc on a fait une réunion avec les habitants du quartier pour leur demander s’ils souhaitaient qu’on continue de raser. Finalement, on s’est rendu compte que personne n’en avait envie, on a fait les démarches et après ça, le parterre est resté fleuri.
Je trouve que lui donner une dynamique de proximité, ça serait encore plus intéressant, ça permettrait à la Com’ de sortir de son cercle.
Un projet en lien avec le quartier comme celui-là, je trouve que ça serait quelque chose à développer à la Com’. Je sais que c’est écrit dans la charte, qu’on est censé prendre un engagement local. Je trouve que lui donner une dynamique de proximité, ça serait encore plus intéressant, ça permettrait à la Com’ de sortir de son cercle. J’aimerais vraiment y prendre part. Peut-être l’année prochaine, qui sait !
Tu as une anecdote marquante à nous raconter ?
Toutes les deux semaines, on a réunion Com’ [réunion pour échanger des nouvelles et s’organiser ensemble], on fait un tour de parole et chacun parle de ce qu’il vit dans la mesure de ce qu’il a envie de dire.
Au moment de l’anecdote, après avoir vécu plusieurs semaines ensemble, on est parti pour notre premier week-end Com’ [un des 3 week-ends que les habitant·e·s font ensemble à l’extérieur de la Com’ pour couper]. Le samedi, on a refait un tour de parole. Mais cette fois, je ne sais pas ce qui s’est passé, on est tous allé beaucoup plus loin que ce qu’on avait fait jusque-là pendant nos réunions, plus loin dans les aveux de chacun. Le tour a duré 1h30 !
Dans la vie, on n’a pas beaucoup d’espaces où on peut parler de soi. Le tour de parole, c’est un des espaces qui existe à la Com’. Tu vis avec des gens au quotidien, et tu peux leur raconter des choses dont tu ne parles pas à d’autres gens. C’est ce qui s’est passé ce jour-là.